Du 6 au 18 novembre 2023, la COP27 (conférence de l'ONU sur le climat) se déroule en Égypte à Charm el-Cheik. 200 pays se retrouvent pour lutter contre le dérèglement climatique.
L'objectif de la présidence égyptienne sera de mettre en œuvre l'Accord de Paris (COP21 de 2015), après le quasi fiasco de la COP26 à Glasgow. Pour rappel, l'objectif de l'Accord de Paris est de rester en dessous de 2°C de réchauffement climatique.
7 ans plus tard, nous ne sommes toujours pas sur une trajectoire qui nous permettra d'atteindre cet objectif, et le dernier rapport de l'ONU démontre que seules des mesures radicales et drastiques avant 2030 nous permettraient de ne pas franchir ce seuil des 2°C.
Il nous reste donc 7 ans pour inverser la courbe, sinon avant 2100, les enfants d'aujourd'hui (qui auront entre 60 et 80 ans) devront vivre avec au moins 2,7°C de plus, et supporter l'amplification des catastrophes naturelles...
Les enjeux de la COP27
Réduire les gaz à effet de serre
Dans la continuité du Pacte de Glasgow (COP26) qui demandait aux pays qui avaient une trajectoire de réduction des GES incompatible avec l'Accord de Paris, la COP27 a pour objectif de proposer une feuille de route beaucoup plus ambitieuse de réduction des émissions en particulier pour les plus gros émetteurs (USA et Chine en tête).
Favoriser l'adaptation au changement climatique
Cet objectif est qualitatif, il consiste à renforcer les capacités d’adaptation, à accroître la résilience et à réduire la vulnérabilité face aux changements climatiques pour tous les pays à travers l'objectif mondial d’adaptation (Global Goal on Adaptation, ou GGA) initié à Glasgow.
Assurer les financements pour le climat
Les pays développés s'étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars tous les ans, entre 2020 et 2025 afin d'aider les pays les plus pauvres à réaliser la transition.
Mais cet objectif n'a pas été atteint et la confiance des pays en développement a été mise à mal. L'ONU estime que 17 milliards n'ont pas été versés.
La volonté de la COP27 sera de restaurer la confiance et d'assurer le financement des engagements pris par les pays les plus riches. L'Afrique qui accueille cette COP est particulièrement concernée par ce sujet. Alors que le continent n'est responsable que de 3% des émissions mondiales de GES, il en paye déjà un lourd tribut.
Que pouvons-nous en attendre ?
La COP27 sera un succès si les états acceptent :
- de rehausser leurs objectifs climatiques dans le cadre de l'Accord de Paris,
- des poursuivre les travaux d'adaptation dans le cadre de GGA (Global Goal on Adaptation),
- d'apporter des financements suffisants pour aider les pays en développement à mettre en œuvre leur transition,
- de mettre en œuvre la feuille de route sans délai.
Ces efforts devront être consentis alors que l'Europe se tourne vers la charbon pour faire face au déficit d'importation d'énergie dû au conflit Russo-Ukrainien et que les accords signés entre les USA et la Chine pour réduire les émissions de CO2 lors de la COP26, ont été suspendus suite à la crise diplomatique de Taïwan.
Greta Thunberg a déclaré qu'elle ne se rendrait pas à la COP27 car, selon elle, les COP ne servent à rien… Au regard de la lenteur des actions et de leur impact face à l'urgence, il est difficile de lui donner tort, et pourtant nous aimerions tellement qu'elle se trompe !
Le “good cop” de la COP 27
Secrétaire Général de L’ONU depuis 2017 (il a succédé à Ban Ki-Moon), Antonio Guterres dénonce avec une vigueur inhabituelle pour les enceintes feutrées de la diplomatie mondiale, l’inaction des états face aux enjeux du climat. Il les interpelle avec verve sur la nécessité d’agir vite et fort. Ses différents discours sur le sujet feront assurément date dans l’histoire de la lutte contre le réchauffement climatique.
Mais qui est Antonio Guterres ?
Antonio Guterres est un homme politique portugais, Secrétaire général du Parti socialiste en 1992, Premier ministre de 1995 à 2002 puis Président de l’Internationale socialiste (1999-2005). Il a également été, pendant 10 ans, à la tête du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).
Gratitude et humilité sont les deux premiers mots du discours d'investiture d’Antonio Guterres au poste de Secrétaire général de l’ONU. Mais ce qui semble le caractériser davantage c’est d’être un homme de conviction et un homme qui sait les exprimer sur différents enjeux de la scène internationale (guerre en Ukraine, crise économique, Covid…).
Son engagement au UNHCR lui a sans doute permis d’être le témoin privilégié des conséquences du réchauffement climatique sur les populations les plus fragilisées. Et il ne mâche pas ses mots !
On retiendra, depuis le début de la COP27, les punchlines suivantes :
“L’humanité a le choix : coopérer ou périr.”
“Il s’agit soit d’un pacte de solidarité climatique, soit d’un pacte de suicide collectif.”
“Nous sommes sur une route vers l’enfer climatique avec le pied sur l’accélérateur.”
“Les impacts mortels du changement climatique sont ici et maintenant. (…). Ceux qui ont le moins contribué à la crise climatique récoltent la tempête semée par les autres.”
“N’oublions pas que la guerre contre la nature est en elle-même une violation massive des droits de l’Homme.”
“Les entreprises doivent stopper leurs dissimulations toxiques sur la neutralité carbone.”
Le combat pour le climat, Antonio Guterres le mène pour les jeunes auprès desquels il s’engage directement. Dans une vidéo publiée sur son compte twitter à leur attention il déclare :
“…je vous promets que je ne laisserai pas les dirigeants s’en tirer. Je vous exhorte de ne jamais laisser tomber.”
Son engagement suffira-t-il pour obtenir un changement de CAP des pays riches responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre ? Espérons-le !